Le vin ne se boit pas seul

Boire tout seul est mauvais signe, dit-on. Je peux certes éprouver un très grand plaisir à savourer un bon vin en solitaire avec pour seuls compagnons mes sensations, mes pensées, un livre ou une musique ; mais le lien, l’échange et le partage font intimement partie de l’expérience et du plaisir du vin. Ajoutons que très concrètement, et en dehors de tout aspect moralisant ou social, le vin ne peut matériellement pas se boire seul ! Il faut des objets, accessoires ou outils, qui rendent non seulement le geste possible mais qui démultiplient les plaisirs de ce moment de rencontre avec l’élixir. Un tire-bouchon et un verre en premier lieu. Certes, on peut toujours choisir un flacon fermé par une capsule à vis, système aussi performant que pratique. On peut aussi, pour ôter le bouchon du col, recourir à la méthode un peu brutale, dite du « coup du clochard », qui consiste à taper le cul de la bouteille logée dans sa chaussure contre un mur jusqu’à ce que les impacts successifs expulsent le bouchon : peu élégant et à éviter en société.

Il faut des objets, accessoires ou outils, qui rendent non seulement le geste possible mais qui démultiplient les plaisirs de ce moment de rencontre avec l’élixir.

Un bon tire-bouchon est donc souvent indispensable. Et le verre tout autant, à moins de boire au goulot, ce qui nous renvoie à l’expression précédente. Et ce verre, parlons-en : pas n’importe lequel si on veut optimiser le plaisir gustatif ! Un gobelet simple ou un verre ballon, non merci. Il faut du beau et du fin, une forme capable de capter les arômes, une matière qui aiguise l’attention et exalte les sens. Les amateurs savent bien qu’un verre approximatif gâche une grande partie du plaisir d’une dégustation.

Voilà pour les bases, mais l’histoire ne s’arrête pas là, car le vin, ce n’est pas uniquement le court terme et l’individu. C’est aussi le moyen terme, parfois le long terme, et le plaisir de plusieurs personnes dans le temps. Il est donc aussi question de logistique et de prévoyance : il va falloir stocker, gérer, puis préparer certains vins afin qu’ils révèlent tout leur potentiel. Une cave, des outils de cave, des carafes, des entonnoirs, des livres pour apprendre…

Pour finir, et pour enfoncer le clou, ne dit-on pas généralement “prendre un verre”, ou “allons boire un verre de vin”, et non “buvons un vin” ? Décidément le vin ne se boit pas seul. Ce blog sera le récit de ces multiples complicités entre l’amateur, le vin et ses accessoires, autrement dit de sensations, de conseils, d’expériences vécues et partagées.

David Cobbold, grand connaisseur des vins du monde.
Il a écrit de nombreux ouvrages avec Sébastien Durand-Viel – Editions « L’Atelier du Vin »